Marionnette, Longhi I,

1926

L’intrigue du film, non réalisé, du cinéaste danois Peter Urban Gad se déroule alternativement à Venise au XVIIe siècle et à New York dans les années 1920. Alexandra Exter, célèbre peintre cubo-futuriste, mais aussi costumière et décoratrice de théâtre expérimentée, est chargée à l’origine d’imaginer 40 marionnettes. Après avoir navigué pendant des années entre les cultures, elle s’installe définitivement à Paris en 1924, où elle enseigne à l’Académie d’art contemporain de Fernand Léger. Les huit figurines en possession du Museum für Gestaltung Zürich s’inscrivent dans la tradition de la commedia dell’arte et se distinguent par des casques grotesques et des masques d’un noir profond, semblables à ceux qu’Alexandra Exter a vus dans les scènes de carnaval du peintre vénitien Pietro Longhi – d’où elle tire également le nom de ses héros. La marionnettiste Nechama Szmuszkowicz (1895-1977) exécute en 3D les dessins d’Alexandra Exter en utilisant des matériaux du quotidien. Pour atteindre la plus grande mobilité possible des articulations, elle utilise des boules et des raccords textiles, répondant ainsi au vœu de la conceptrice, qui espère que l’association d’impulsions planifiées par le marionnettiste et de mouvements fortuits des éléments en suspension libre accroîtra l’expérience cinétique. Ses marionnettes expriment, de surcroît, le plaisir d’expérimenter les couleurs, les volumes et les lumières, et tournent complètement le dos à la pure reproduction d’une illusoire réalité. (Sabine Flaschberger)