Marionnette, La boîte à joujoux: Tambour,

1918

Professeur de dessin ornemental, Otto Morach dessine à la gouache 28 marionnettes aux couleurs vives pour le ballet La Boîte à joujoux de Claude Debussy. Son collègue Carl Fischer (1888-1987), enseignant la maquette et la sculpture sur bois, les exécute magistralement en trois dimensions, avant qu’Otto Morach ne reprenne la main pour la peinture à facettes et ne souligne l’expression plastique des personnages au moyen d’un dégradé de couleurs sur certaines surfaces. L’artiste a acquis ce procédé stylistique cubiste au cours de longs séjours à La Ruche, une cité d’artistes parisienne. Il met sciemment au jour la construction des marionnettes en renonçant à tout vêtement textile. On lui reproche d’avoir imaginé des marionnettes injouables parce qu’il dessine ses personnages sans l’habituelle semelle de plomb. Certains d’entre eux sont conçus dans des poses chorégraphiques fixes, ce qui fait aussi obstacle au jeu traditionnel. L’effet renforce toutefois l’élégance de ses pantins, qui, sur un décor parisien nocturne peint par André Hellé, racontent de manière enfantine de simples histoires humaines tirées du coffre à jouets. La grippe espagnole qui fait rage en 1918 empêche malheureusement les représentations. Otto Morach n’en perd pas son enthousiasme pour le théâtre de marionnettes et conçoit jusqu’en 1931, toujours en étroite collaboration avec Carl Fischer, les personnages et/ou le décor de différentes pièces à la demande du Schweizerisches Marionettentheater. (Sabine Flaschberger)