Affiche, Kunstausstellung der Sowjetunion,

1931

Valentina Nikiforovna Kulagina fait partie de cette génération de femmes russes qui, dans un premier temps, profitent des acquis sociaux de la révolution. Elle participe à égalité de droits à l’avant-garde radicale du début du XX^e siècle, qui abjure la peinture de chevalet et se tourne vers d’autres médias et outils de création. Quand Kulagina décroche en 1929 le mandat pour l’affiche de l’exposition d’art soviétique à Zurich, la situation n’est déjà plus la même dans la jeune URSS. Les nouveaux mouvements artistiques sont désormais honnis et n’incarnent plus l’esprit révolutionnaire. On exige un art intelligible pour les masses. La figure monumentale de l’ouvrier, la stricte distribution spatiale et les diagonales prononcées, mais aussi l’insertion virtuose de la typographie dans le projet de Kulagina, ouvrent de nouveaux horizons à l’affiche culturelle en Suisse. En même temps, le rendu plastique de l’ouvrier et sa transposition purement picturale annoncent déjà la conversion à la rhétorique de propagande stalinienne, qui rejettera bientôt toute expérimentation artistique. (Bettina Richter)